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De quelques instants les explications que demandait le comte polonais ne purent lui être données. Petrova se jetait aux genoux de sa jeune maîtresse, qu’elle embrassait en pleurant.

Des transports d’allégresse éclataient de toutes parts.

Le chevalier du Capricorne baisa la main d’Aphanasie, non sans avoir proféré une quinzaine de jurons du plus réjouissant calibre.

Mais elle, après un moment accordé an bonheur de retrouver Béniowski sain et sauf, ne put retenir ses larmes en prononçant le nom de Richard.

Le commandant Cerné de Loris fit mettre à sa disposition une chambre, où elle put enfin raconter à ses amis comment elle avait reçu asile à bord de la frégate l’Aréthuse.

Reprenant les événements à l’instant où, au milieu de l’incendie, elle avait été enlevée par Stéphanof et ses complices, la jeune fille parla de la déplorable incrédulité du capitaine hollandais Scipion-Marius Barkum, qui n’avait jamais voulu l’écouter, ni croire à ce qu’elle lui fit dire par ses gens.

Une vérité invraisemblable succombe toujours devant un mensonge simple et raisonnable en apparence ; Stéphanof et les autres incendiaires s’accordaient. En outre, le malheureux dragon de Formose avait persuadé à Barkum que le Saint-Pierre et Saint-Paul était équipé par des forbans.

De là, la brusque attaque des Hollandais, qui ne prirent point le temps de parlementer, de crainte sans doute que les pirates ne voulussent les aborder à l’improviste pendant d’inutiles explications.

Aphanasie, voyant le combat engagé, ouvrit la fenêtre de la dunette et regarda autour d’elle avec terreur. Elle aperçut dans le canot suspendu à l’arrière une planche qui sert souvent à débarquer sur les plages sablonneuses ou les rochers du rivage. Inspirée par le désespoir, elle s’en saisit, l’attache au