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des Portugais et des Hollandais que la Pomone a donné la chasse à Nathan-la-Flibuste !… Oh ! voilà bien la preuve que nous manquons d’un filin assez bénit pour pendre ces renégats protégés par le Diable et par Mahomet.

— Mais si on ne peut pas les pendre, qu’on les trésillonne, qu’on les coule avec des boulets ramés aux pieds, qu’on les mitraille, qu’on les larde à la bayonnette !

— Pour trésillonner, faut une corde comme pour pendre, la corde casserait de même sans profit. Pour les couler, faudrait des boulets bénits par notre Saint-Père ; autrement, rien, les boulets les soutiendraient sur l’eau comme des bouchons de liége. Les fusiller, les mitrailler, c’est encore plus pire, balles et mitraille rebondiraient sur nous et nous escoffieraient !… Quant à la bayonnette…

Trousseau s’interrompit au beau milieu de ses ingénieuses démonstrations.

— Sans-Quartier et Jambe-d’Argent !… s’écria-t-il avec stupeur, car il venait de reconnaître les deux aventuriers parmi les prisonniers de la Jonque-au-Dragon. – À bord de Nathan-la-Flibuste !… ah ! les pauvres garçons !…

Il voulut s’approcher d’eux ; mais le sergent des soldats de marine, chargés de la garde des accusés, lui ordonna de s’éloigner sans leur adresser la parole.

Une foule de reconnaissances analogues avaient lieu en ce moment sur le pont de la Pomone, car un équipage de frégate est nécessairement composé de gens levés sur diverses parties du littoral de la France. Celui de la Douairière était de même composé de matelots de provinces différentes. En outre, quiconque a navigué sur plusieurs bâtiments, y a naturellement fait campagne avec des marins de toutes provenances. – Il est donc très rare que deux équipages, quelque peu nombreux, se rencontrent à l’étranger sans qu’il y ait eu des rap-