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— Prenez garde à vous, maître coquin.

— Et pourquoi donc ?… Vous nous avez annoncé que nous étions perdus sans ressource !… Dans ce cas-là, on n’a plus de ménagements à garder. Voulez-vous rire, je suis bon compagnon !… je vous conterai quelques bonnes histoires ; mais je réserve la vérité pour M. Cerné de Loris, qui pourrait bien vous faire mentir, monsieur le baron.

Sur son rapport, Luxeuil inscrivit que le lieutenant pirate était un de ces vauriens sans foi ni loi qui ne respectent rien. Du reste, il trouva inutile et ennuyeux d’interroger aucun des prisonniers de la jonque, ramassis de brigands de toutes les nations, mais français pour la plupart. Il concluait à la pendaison générale.

Dans le canal de Formose, il devait être réveillé en sursaut par un timonier de service qu’accompagnait un garde-marine.

— Qu’y a-t-il donc de nouveau, Monsieur ? demanda-t-il en se frottant les yeux.

— Commandant, répondit le jeune homme, l’Aréthuse est en vue et nous signale l’ordre de mettre en panne.

— Où sommes-nous ?… Voit-on la terre ?

— Pas encore.

— Qu’on mette en panne, Monsieur !…

Et quand le garde-marine fut remonté sur le pont où le lieutenant Kerléan dirigeait la manœuvre :

— C’est bien, M. de Loris !… poursuivit amèrement le baron, vous venez me souffler l’honneur d’avoir capturé le soi-disant Béniowski !… Vous abusez de votre rang d’ancienneté ; vous m’avez fait tirer les marrons du feu et vous croyez être le plus habile !… Vous finirez par me payer tous vos mauvais procédés, monsieur le commandant en chef ! Rira bien qui rira le dernier, je vous le promets. Par la Sambleu ! j’ai eu le