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s’enquérir des mœurs, usages et richesses des pays qu’il rencontrait.

« L’île de Madagascar fut l’objet de son attention pendant tout le temps qu’il y séjourna, et quand il la quitta, le 3 juin 1620, ce fut pour aller prendre connaissance des Comores. La Grande-Comore, qui est, dit-il, la plus proche de la terre ferme de Mozambique, lui parut attirer, en raison de sa hauteur, beaucoup de nuages qui la rendent froide et humide. Le roi de Grande-Comore envoya un de ses gens à Beaulieu, pour lui témoigner le plaisir que lui faisait éprouver l’arrivée des Français dans ses terres. Beaulieu remarqua d’une manière particulière l’île Mayotte (aujourd’hui française) ; il la trouva d’un excellent mouillage, moins haute, plus habitable que les autres Comores, et abondamment pourvue de tout ce qui est nécessaire à la vie.[1] »

Les hardies et savantes navigations d’Augustin de Beaulieu stimulèrent l’audace de nos marins, qui ne cessèrent d’explorer les Indes-Orientales durant la première moitié du dix-septième siècle.

Le capitaine Reginon, de Dieppe, notamment, fit, en 1633, une campagne digne d’être mentionnée ; et cinq ans après, François Cauche, connu par ses relations de Madagascar, visitait l’île Rodrigues sous les ordres du capitaine Salomon Goubert. L’on ne saurait dire combien d’autres expéditions non moins curieuses sont demeurées inconnues faute de chroniqueurs.

Les nombreux voyages des Français dans la grande île africaine avaient donné de sa richesse les idées les plus avantageuses. Une compagnie qui porta le titre de Compagnie française de l’Orient, se proposa pour fonder des établissements à Madagascar et dans les îles adjacentes afin de s’assurer une large part dans le commerce des Indes. Le grand cardinal de Richelieu en protégea les commencements et lui donna des lettres-patentes le 24 juin 1642, peu de mois avant sa mort.

En 1643, le Saint-Louis dépose le sieur Pronis et une douzaine de Français sur la côte sud-est dans la baie de Sainte-Luce. L’année suivante, d’importants renforts arrivent à ces

  1. Léon Guérin, Histoire maritime de la France.