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— Il a donc péri, enfin ! murmura Stéphanof. Je ne regrette que de n’y avoir pas directement contribué.

Mais à peu de jours de là, Scipion-Marius qui avait parfaitement vendu sa cargaison et se trouvait en verve, s’avisa, dans un café de Port-Louis, de raconter la biographie du comte de Béniowski, avec une foule de détails relatifs au sieur Estève Finvallen. – Trop parler nuit, dit le proverbe. Le beau diseur, qui faisait jadis à Rotterdam l’admiration des habitués de l’auberge de la Compagnie des Indes Orientales, Barkum du Sanglier-Batave et de l’Intrépide, déplut ainsi particulièrement au chef d’état-major du vicomte Souillac, gouverneur de l’Île-de-France, un certain commandant Frangon qui lui chercha une querelle d’Allemand à propos de la coupe de ses cheveux. Un duel s’ensuivit, et il eut la tête cassée par une balle sortie du pistolet de Stéphanof qu’il n’avait pas même reconnu.

Les restes de cet infortuné Hollandais reposent dans le cimetière de Pamplemouse, non loin de la tombe de Paul et Virginie.

— Encore un qui ne bavardera plus ! murmura le Kosaque avec satisfaction.

Du fond de l’âme, il craignait toujours que le vicomte de Chaumant, Aphanasie, madame de Nilof ou même Capricorne Ier, ne finissent par troubler sa quiétude ; heureusement, le vicomte de Souillac ne jurait plus que par lui. En outre, à force de soins, il était parvenu à se procurer un acte de naissance, des états de services, mille preuves enfin qui établissaient clairement qu’il était né à Calais, avait navigué sous les ordres de son père et n’avait jamais mis les pieds en Russie.

Tout à coup, le bruit se répand que Béniowski a construit une ville dans l’intérieur de Madagascar, qu’il est de nouveau roi des rois, ompiandrian et ampansacabe, que le pavillon bleu flotte sur les rives de la haie d’Antongil, et que, résolu à traiter