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qu’il reprît l’offensive, il campait sous les murs de sa redoute fortifiée où commandait encore l’invalide Brise-Barrot, père d’une innombrable lignée qui formait à elle seule la garnison.

Lorsque Raymond du Breuil envoya dire au gardien de la petite citadelle que tous les autres postes ou comptoirs du midi, depuis Matatane jusqu’à Mahafal, sans excepter le Fort-Dauphin, avaient abattu le pavillon bleu, et ne reconnaissaient plus d’autre roi que le roi de France, Brise-Barrot fit prévenir Capricorne Ier.

Sa Majesté avait alors dépassé la cinquantième année, mais n’en jurait pas plus mal. Elle faillit arracher sa vieille moustache en proférant une kyrielle d’exclamations polyglottes qui firent frémir Flèche-Perçante et la lignée entière des jeunes Capricornes de l’un et de l’autre sexe.

— Eh ! quoi, pour prix de sept ans d’excellentes fournitures en bœufs à bosses, à cornes pendantes ou sans cornes, de riz de première qualité, de bois des plus précieuses essences, et d’esclaves buques, lahéfontis, sakalaves du sud ou mozambiques choix sur choix, pour prix de relations paisibles, de bons offices et d’une probité commerciale à toute épreuve, les Français s’avisaient de donner un successeur à papa !

Les vétérans tels que Franche-Corde, Sans-Quartier, Jambe-d’Argent et Jean de Paris n’étaient pas moins indignés que les princes et princesses du sang Capricorne et royal.

Le monarque d’Anossi, après avoir tempêté, recroquevilla sa moustache blanche, et suivi de cent braves, alla rejoindre Brise-Barrot :

— Monsieur l’officier français, mordious, regardez-moi et dites-moi, je vous prie, si je suis mort ou vivant ?… Il y a encore du Stéphanof sous roches, c’est clair. Je veille au grain… Retournez à votre bord, et dites de ma part à votre commandant que je tiens mes pouvoirs, – comme roi, – de la