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Le dénouement de la rivalité des deux amis ne se fit pas attendre. S’apercevant de l’inclination naissante de Salomée pour Maurice, le vicomte se sacrifia loyalement et, le jour du mariage, en dépit de ses regrets, il fut plus brillant, plus spirituel, plus gai qu’il ne l’avait été depuis son arrivée au château des Opales.

L’union des jeunes époux fut consacrée par le révérend père Alexis, prêtre hongrois, dont la vocation était les Missions-Étrangères. De dix ans plus âgé que Maurice, il l’avait connu à Verbowa dans son enfance ; il l’avait retrouvé à Paris quand il y terminait son noviciat apostolique ; il ne faisait que passer dans son pays natal, car il allait se mettre aux ordres de l’évêque de Cracovie. Après avoir donné la bénédiction nuptiale, il partit.

À la cérémonie sacrée succédaient les fêtes profanes. Elles furent magnifiques. Casimir Hensky avait convoqué ses nombreux vassaux. Sur les pelouses des Opales les jeux, les tirs, les danses hongroises alternèrent avec les libations.

Vivent les mariés !… mais vive aussi le vin de Tokay !

La cave du châtelain était heureusement des mieux approvisionnées.

On connaît quelques strophes de la ballade d’Hedwige et de Wenceslas, la parodie du chant lithuanien par le jeune vicomte de Chaumont-Meillant obtint un succès de fous rires au souper de noces, auquel assistèrent vingt magnats, starostes ou seigneurs entre lesquels figurait le major Windblath, Suédois au service de la Pologne.

Remuant, mécontent, ambitieux, homme médiocre, mais bon militaire et négociateur discret, le major était affilié au parti catholique, et lié par serment aux chefs de la Confédération polonaise. Il jouissait de l’estime particulière de Casimir Pulauwski, du prince Repnin et de l’évêque de Cracovie ; c’est-