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Qu’est-il devenu ?… Voilà, mille tonnerres, ce que je craignais !…

Jean de Paris épousait alors une princesse dans la vallée d’Amboule…

— Au diable l’épouseur !… Corne de licorne ! million de potences !… Me perdre ma première place forte !… Ah ! Stéphanof !… – À quelque chose malheur est bon, puisque je sais où retrouver ce bandit !…

— Calmez-vous, mon ami, dit Béniowski au chevalier. Je vous aurais donné l’ordre de rendre le Fort-Dauphin aux Français, qui en sont les maîtres légitimes. Mes desseins ne sont pas de déclarer la guerre au roi, que je servais il y a peu de jours encore. L’indépendance de Madagascar est prochaine ; je n’y souffrirai plus la concession du moindre lambeau de territoire à aucune puissance européenne ; mais je ne déposséderai pas la France des points où elle a le droit de faire flotter son drapeau. D’ailleurs, les îles Mascareignes, où l’on ne cultive que les denrées coloniales, s’approvisionnent de vivres dans ce pays ; il nous est nécessaire de conserver la première de nos branches de commerce. – Qu’importe l’établissement des Français dans le Fort-Dauphin, si leur puissance ne s’étend jamais au-delà d’une portée de canon !

— Mort de ma vie !… Jean de Paris aura maille à partir avec moi, mordious !… disait le chevalier entre ses dents.

Il se dérida pourtant, lorsque le roi des rois fit part de ses projets aux officiers français, rohandrians, anacandrians et autres chefs réunis après le dîner dans une vaste salle de kabar.

Béniowski déclara qu’il instituerait un conseil suprême composé de princes, rohandrians et philoubés, soit Malgaches, soit Européens, parmi lesquels seraient choisis les rois, vice-rois et gouverneurs des provinces. – Séance tenante, il maintint