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Sur les glacis eut lieu une distribution de cocardes bleues. Flèche-Perçante déploya le drapeau bleu de Madagascar. – Et la troupe se remit en marche pour l’habitation du roi des rois.

Venturel composait donc à lui seul l’état-major et la garnison de Louisbourg et de tous les postes du nord de Madagascar. À quelque chose malheur est bon ! – car neuf mois plus tard, le subordonné major avait réalisé son rêve ; il jouissait de sa retraite dans son village du Rouergue, et même, il fut décoré de la croix de Saint-Louis, sur la proposition formelle de M. de Bellecombe, maréchal-de-camp, inspecteur général des colonies.

Le fort Auguste, le fort Saint-Jean, le port Choiseul et les constructions élevées sur file d’Aiguillon, avaient été, en désespoir de cause, évacués à peu près de même que Louisbourg. Le pavillon français continua pourtant de flotter, un peu par négligence, un peu par hasard, sur quelques points secondaires, et entre autres à l’île de Sainte-Marie, à Foule-Pointe et à Tamatave.

Béniowski ordonna que ces modestes établissements fussent respectés, – car il conservait toujours de secrètes sympathies pour la patrie de ses plus braves compagnons. Il ne voulait pas désespérer encore de l’avenir ; il comptait surtout, ainsi que la comtesse Salomée, sur le concours décisif de la mission catholique, et, quoi qu’il en eût dit sous une impression d’amer découragement, il ne se résignait pas, sans douleur, à n’être que le chef d’un peuple barbare, que le successeur direct des aventuriers et pirates de la Providence, ou enfin, – comme on le répétait au ministère, – le Dernier des Flibustiers.