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ordre dut être donné au major d’employer une partie de son monde à effectuer le difficile sauvetage de plusieurs pièces d’artillerie. D’habiles plongeurs anossiens y réussirent.

Le 7 du mois de mai, l’armée entière se trouva enfin réunie dans une immense savane couverte de bétail, où Béniowski établit son premier campement.

Les troupes s’y reposèrent pendant deux jours employés à faire reconnaître le pays par les éclaireurs Sakalaves des princes détrônés.

On apprit bientôt qu’au delà d’une forêt profonde d’environ six lieues, le roi Cimanour avait, de son côté, dressé trois camps considérables, entourés de palissades, pourvus de quelques bouches à feu, et fortifiés de manière à faire croire qu’il était secondé par des Européens.

— Ah ! mille cornes ! s’écria le major à cette nouvelle, si notre bonne chance voulait que Stéphanof fût par là, au lieu d’être en route, comme je le crains, pour mon pauvre Fort-Dauphin ! mordious ! avec quel plaisir je me passerais la fantaisie d’en finir avec ce coquin-là !… – Je vous aime, mon général, comme un frère et mieux encore ; mais tant que je vivrai je ne vous pardonnerai pas de m’avoir forcé à ménager votre damné Kosaque, qui a fini par tuer Grand-Merci et me voler sa niche.

Les suppositions du vice-roi d’Anossi, major du Capricorne, n’étaient que trop fondées à l’égard du Fort-Dauphin, et par conséquent ses espérances ne pouvaient se réaliser dans le pays des Sakalaves, où Stéphanof ne mit les pieds de sa vie. – Sa funeste influence ne s’y fit pas moins sentir.

Ulcéré de la conduite de Kerguelen, M. de Ternay refusa systématiquement toute espèce de concours à l’expédition d’Antongil ; mais il ne se rendit coupable d’aucune trahison. En 1775, lorsque le littoral de l’Est presque entier eut été assu-