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Le roi détrôné Rozai, à qui l’adjudant Franche-Corde avait, pendant plusieurs mois, donné asile au Fort-Auguste, se présenta devant Béniowski dans un kabar composé de tous les officiers et de tous les chefs auxiliaires. Il avait la tête rasée en signe de soumission absolue, et tint un discours suppliant qui émut jusqu’à ses ennemis.

— Je suis, dit-il, le prince infortuné de Boyana ; je cherche parmi des étrangers du secours contre l’usurpateur de mon trône, qui, non content de m’avoir dépouillé, retient ma famille dans l’esclavage. Je me jette à tes genoux pour implorer ta protection. Tu es le père des malheureux, ne repousse donc point les prières d’un roi proscrit qui réclame ton assistance. Je serai ton serviteur dévoué ; daigne en recevoir le serment, et, dès aujourd’hui, compte-moi au nombre de tes plus fidèles amis.

Rozai ne fut point le seul chef Sakalave qui sollicita l’appui des Français contre le cruel Cimanour.

Béniowski se proposait de confier la garde d’Antimaroa au chevalier du Capricorne qui en rugit gaiement

— Moi, rester à Louisbourg ! mordious !… Général, suis-je venu pour cela du Fort-Dauphin ?… Donnez-moi l’avant-garde à commander, et bataille ! bataille ! mille cornes de licorne !…

Tous les officiers tenaient à être de l’expédition. Béniowski dut se féliciter alors d’avoir dans ses rangs l’adjudant Venturel qu’il nomma capitaine et qui fut, durant son absence, chargé de défendre les positions des bords de la Tingballe.

La comtesse de Béniowski ne voulut pas consentir à rester eu centre de la colonie.

— J’irai avec vous, dit-elle, et mon fils ne nous quittera pas !… Crois-moi, Maurice, ne nous séparons jamais ; nos ennemis les plus redoutables ne sont point les Sakalaves de Boyana !