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nations hostiles à mes projets. Non contents d’avoir l’adhésion de la plupart de mes voisins, ils avaient fait entrer dans leurs intérêts le chef de la province Sakalave limitrophe. Et ce chef, fort irrité de la construction du Fort-Auguste, non-seulement acceptait pour sa part, mais leur proposait, en outre, sous certaines conditions, l’alliance du puissant roi de Boyana, capable de mettre en campagne quarante mille combattants.

« Les renseignements que je ne cessais de prendre, me prouvaient qu’il y avait fort peu d’exagération dans le rapport du philoubé Raoul. J’eus soins pourtant de dissimuler mes craintes :

« – Grâces te soient rendues, magnanime philoubé, lui dis-je. Prudent et avisé dans le kabar, tu es un allié sûr dans les combats. Mon roi est mille fois plus puissant que le roi des Sakalaves ; mais il est juste et ne cherche point à conquérir Madagascar. Il m’a envoyé avec un petit nombre d’hommes pour être l’arbitre de vos querelles, pour vous donner la paix et faire fleurir votre commerce. Malheur à Cimanour, s’il m’oblige à recourir à mon roi ! malheur à lui, s’il ose attaquer le moindre de mes alliés. Sans même sortir de la province d’Antimaroa, je le renverserai et je rendrai la puissance à celui qui devrait être son roi.

« Raoul fut très surpris de mes paroles. Il ignorait que je fusse au courant des troubles politiques des Sakalaves ; mais Franche-Corde faisait de la diplomatie sur la frontière d’Angonavé. Je lui devais la connaissance d’une révolution qui avait eu lieu deux ans auparavant à Boyana dont le roi, nommé Rozai, fut détrôné par Cimanour.

« – Je vois que le chef des Français est sage et qu’il n’ignore rien, reprit Raoul, Rozai a de nombreux partisans, et si tu veux lui accorder ta protection, je puis lui envoyer un message secret.