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— Moi !… pas possible ; une fois qu’on a tâté du métier d’aventurier flibustier estafier troupier sans quartier, comme dit notre chanson… il faut qu’on y laisse ses os et sa peau ou qu’on devienne Grand-Mogol !… Tu entends ça, Guy-Mauve ?…

— Si je vous entends, sergent !… c’est bien pourquoi je m’enrôle tambour dans la légion-Béniowski, avec votre protection.

— Mais enfin, cousin, sans être traités de sauvages de Paris, peut-on vous demander quel est le bel homme qui donne le bras à madame la comtesse ?

— Ce bon gros ancien galonné, mes amours, n’est ni plus ni moins que son cher papa, le magyar Casimir Hensky, seigneur du château des Opales en Hongrie, comitat de Zips, arrivé à Paris, voici tout juste quatre jours, avec son gendre le baron d’Ozor, madame la baronne d’Ozor, que vous voyez là en robe bleue…

— Belle personne ! fit un bon bourgeois.

— Et avec mademoiselle Rixa Hensky sa dernière fille qui est au bras de notre jeune lieutenant, M. Alexandre de Nilof…

— On dirait qu’ils se plaisent beaucoup !

— Et l’on ne se tromperait guère, m’est avis. À l’hôtel Béniowski, comme à l’hôtel de Chaumont-Meillant, depuis quatre jours on ne s’ennuie pas…

— Ah ! Cousin Jean !… murmura en soupirant la jeune fille à qui la place de cantinière ne pouvait plus être accordée, quand serez-vous Grand-Mogol ?

— Comptes-y, cousine…

— Le duc !… le duc d’Aiguillon !… Le ministre de la marine !… Mesdames de Valfleuri !… Le duc de Choiseul !… Messieurs de Saint-Aubin !… La comtesse de Saint-Géran !… s’écria-t-on coup sur coup dans la foule.