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— Adieu, général !… Bonne chance, mademoiselle Aphanasie ! dit le chevalier avec émotion, quoique jusqu’au dernier moment il eût été plus disert et plus Gascon que jamais. – Oui, bonne chance !… Tenez, je ne désespérerai jamais de revoir notre loyal vicomte, votre fiancé… Il reviendra, mordious !… Foi d’ami, Mademoiselle, il reviendra !…

Aphanasie abaissa son voile sans avoir la force de répondre.

La Topaze appareillait. À son retour au fort, le chevalier s’y trouva triste et solitaire, malgré la présence de Flèche-Perçante, malgré toutes les gentillesses de Colifichet le maki à fraise, et malgré l’agréable compagnie de son serpent Grand-Merci :

— Qui vont-ils trouver en France ?… Comment les y recevra-t-on ? Je me rappellerai toujours mon arrivée à bord de la Pomone… Il y a plus d’un baron de Luxeuil au monde… Si Béniowski avait bien fait, il serait demeuré ici, mordious ! puisqu’il y était… – Sa femme et son enfant l’attendent, dit-il… – Eh, mon Dieu ! qui sait ?…

Le gouverneur du Fort-Dauphin, soudard, flambard et pillard, comme on le sait, ne recouvra sa gaîté que plus de trois jours après, – ce qui soit dit à son grand éloge.

Le comte de Béniowski était, lui aussi, sous une impression pénible lorsqu’il se sépara du chevalier, homme bizarre dont le caractère et les exagérations gasconnes ne lui avaient pas plu dans l’origine, mais qui avait conquis son amitié par des actes de dévouement et de courage renouvelés sans cesse, et surtout par une abnégation fort rare chez un aventurier de sa trempe.

Ce partisan renforcé abdiquait ses prétentions ; il n’aspirait plus qu’au second rang après avoir ambitionné le premier ; il n’avait demandé pour toute récompense que de voir revenir Béniowski dans son île.