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Préparons ce jour, en retrempant le parti républicain aux sources vives de la Révolution française ; en lui redonnant confiance dans la puissance invincible de l’idée ; en l’emplissant d’espérance, en le poussant sans relâche à des conquêtes sans fin ; en lui rappelant le grand devoir : devant l’ennemi commun, front commun. (Bravos !)

Donnons à notre peuple, une organisation constitutionnelle plus souple qui, lui rendant l’évolution plus facile, le délivre des charlatans, des prôneurs de panacées et, par là, de la tentation dangereuse de brusquer l’histoire.

Par dessus toutes choses, appliquons-nous à défendre, à développer l’individu. Il souffre des impôts les plus mal répartis qui soient. Toutes les tentatives de réformes partielles ont échoué. Soulageons-le par une grande réforme d’ensemble. Ses charges mieux distribuées, ne lui demandons que le nécessaire, et, sous prétexte d’enrichir quelques-uns, n’augmentons pas le prix de la vie pour tous.

L’individu est faible, isolé, souvent imprévoyant, ou hors d’état d’assurer l’avenir, livré sans défense à la domination de l’État, à la bureaucratie qui le guette dans toutes les manifestations de son activité, à l’oppression savamment organisée des entreprises par lesquelles il vit péniblement et contre lesquelles il se débat.

Et comme nous demandons que d’oppresseur du faible, l’État devienne son défenseur, voilà qu’on dénie à l’État le droit d’intervention. Oui, l’État pourra intervenir pour assurer la rémunération du capital dans de grandes entreprises ; l’État pourra intervenir pour accroître artificiellement le prix des denrées nécessaires à la vie ; l’État pourra intervenir en mettant l’armée nationale au service du patron contre le gréviste ; mais l’État si fort contre le faible sera impuissant à le protéger dans le morne atelier où pullulent les causes de maladie et de mort. Il le verra sans le secourir, livré sans défense à la machine sans frein. L’homme abusera de l’homme jusqu’à extraire de lui tout le suc de la vie, et l’État serein dira : Laissez passer la liberté. Oui la liberté de l’oppression, de l’écrasement du plus faible par le plus fort, la liberté de l’organisation du meurtre. (Très bien ! Très bien !)

Tout l’effort du socialisme est de mettre au contraire la force de tous au service de tous, non plus de quelques-uns. La voix des misérables crie des profondeurs. Entendons-la.

On nous dit : Vous anéantissez l’individu. Quel non sens ! Nous le protégeons, nous le défendons, nous le développons, nous le cultivons. Et accroissant l’homme nous accroissons la patrie.

Lentement, le peuple arrive à la conscience de ces choses.

Pendant que les gouvernements cherchent dans l’empirisme une stabilité plus ou moins durable, les masses autrefois soumises, dociles, gouvernées, aujourd’hui éveillées, inquiètes, remuantes, s’agitent et vont à la conquête d’une part plus