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Pourtant il en fut un qui, déchirant ses langes,
Me porta, triomphant, quelques clochettes blanches
Et rouvrit le verrou de mon cœur aux aguets.

Le tourbillon depuis nous berce, nous rend ivre,
Vainqueurs, nous célébrons le verbe qui fait vivre

Et les vents près de nous font valser les muguets.
Édouard levis.

RONDELS À LA LUNE


I
SPLEEN

Pierrot de Bergame s’ennuie :
Il renonce aux charmes du vol ;
Son étrange gaîté de fol
Comme un oiseau blanc s’est enfuie.

Le spleen, à l’horizon de suie,
Fermente ainsi qu’un noir alcool.
Pierrot de Bergame s’ennuie :
Il renonce aux charmes du vol.

La Lune sympathique essuie
Ses larmes de lumière au vol
Des nuages, et sur le sol
Claque la chanson de la pluie :
Pierrot de Bergame s’ennuie.


II
DÉCOLLATION

La Lune, comme un sabre blanc
Sur un sombre coussin de moire,
Se courbe en la nocturne gloire
D’un ciel fantastique et dolent.

Un long Pierrot déambulant
Fixe, avec des gestes de foire,
La Lune, comme un sabre blanc
Sur un sombre coussin de moire.

Il flageole, et s’agenouillant,
Rêve, dans l’immensité noire,
Que pour la mort expiatoire
Sur son cou s’abat en sifflant,
La Lune, comme un sabre blanc !


III
BROSSEUR DE LUNE

Un très pâle rayon de Lune
Sur le dos de son habit noir,
Pierrot-Willette sort le soir,
Pour aller en bonne fortune.

Mais sa toilette l’importune :
Il s’inspecte, et finit par voir
Un très pâle rayon de Lune
Sur le dos de son habit noir.

Il s’imagine que c’est une
Tâche de plâtre, et sans espoir,
Jusqu’au matin, sur le trottoir,
Frotte, le cœur gros de rancune,
Un très pâle rayon de Lune !


IV
ROUGE ET BLANC

Une cruelle et rouge langue
Aux chairs salivantes de sang,
Comme un éclair érubescent
Sillonne son visage exsangue.