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—88— nalité de concepts. Et c'est chose si rare, en ces époques où la person nalité est le plus souvent une virtuosité spéciale, si rare qu'une notation imprévue des aspects des choses, si rare et si délicieux! On se prend à regretter que M. Lelong se soit contenté d'indiquer seulement, en s'excu- sant presque de sa hardiesse, une théorie qui n'est point aussi para doxale qu'il l'expose, en sa nouvelle habilement et nerveusement narrée. Pour les vibrants et les sensitifs, ce n'est pas de l'hallucination que les « volontés » irradiant des œuvres d'art, les sympathies et les antipathies qu'elles peuvent révéler les unes pour les autres à l'observateur attentif ; ce n'est pas de la fantaisie pure que de croire que l'artiste a pu marquer la forme par lui créée au point de prolonger pour les siècles, suivant son intensité et sa hauteur, son vœu, et assez pour agir réellement, par ce vœu perpétué, sur des organismes réceptifs. Cette esthétique-là s'explique même fort bien en occultisme. J. D. CHRONIQUE ARTISTIQUE EXPOSITION MEUNIER l'importante exposition d'œuvres de Constantin Meunier qui récemment inaugurait la Galerie moderne, a manifesté avec une évidence nouvelle la haute valeur d'un artiste loyal et tenace, dont la carrière déjà longue n'a été qu'un perpétuel et opiniâtre grandissement. Aux yeux de tous, sa puissance et son originalité se sont affirmées d'une manière décisive. Pris dans son ensemble, son œuvre de ces dernières années est un et neuf. Le premier, le seul, pensons-nous, de tous les contemporains, à quelque école qu'ils appartiennent, Meunier a su dresser, en des tableaux ou des statues à la fois réalistes et synthétiques, le Travail industriel saisi dans son vrai caractère moderne et dans sa spéciale beauté. Des peintres en foule ont reproduit au hasard des scènes empruntées à n'importe quel métier, n'ayant d'autre pensée que de montrer un fait quelconque qui suffisait à leurs yeux par cela même qu'il était un fait, insoucieux d'en extraire la signification ou d'en dégager l'émotion. Meunier, élargissant le thème, a pris le Travail par son aspect le plus tragique. Il a peint et sculpté le Travail des métiers collectifs et machinaux, le Travail forme de la Douleur, aspect de la Damnation. Par là. tout en restant vrai et documenté, tout en analysant avec exactitude des milieux précis, il a traduit toute une face de la vie et de l'humanité, et il s'est trouvé avoir, instinctivement sans doute, imposé à ses personnages un sens qui les dépasse. La géhenne, le cercle dantesque dont il a fait une province vassale de l'art, c'est le pays des usines, des puits à houille, des fabriques de verre ou de fer. C'est là que l'ouvrier est le plus destitué de sa qualité d'homme, le plus réduit à l'état de chiffre, de rouage, d'outil, de bielle, de chose, mais de chose que les autres choses, fatalement conjurées, font souffrir dans sa chair, harassent, exténuent, en attendant qu'un jour, subitement, elles