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-46- // a froid sous le ciel d'été Et pleure aux misères de novembre. Un peu de ses forêts pour chauffer ses pauvres membres. Il glousse et tousse au soleil d'été, Ce vieux pâtre, le monde. Ses dieux sont partis vers l'oubli, Ses amours sont infécondes. Ah! vieux monde, immortel vieux monde, Vos veules parques émondent Les vierges chantantes de printemps, Puis vous délaissent à votre abandon De vieux mendiant quêtant aux porches des prisons. Il a de vagues destriers, Des apparences de chevalier, Il a d'illusoires ermites, Ce vieux mendiant, le pauvre monde. Ses colères se sont passées. Ses pensées se sont terrassées. Il dort sa demi-mort glacée En un ronron des épouvantes, Le vieux monde, le pauvre monde. Donne\ à sa main tremblotante. La nuit mène dans son cortège De joyeux figurants de neige, Danseurs muets au fond d'eux-mêmes, Donne\ à sa main tremblotante Puis tarisse\ vos coupes incertaines. Tarisse\ vos coupes incertaines, La danseuse luit pour les yeux du dieu. Voici passer entre le deuil et l'épouvante, Intimes commères de prison, Les fantômes futurs de ses enfancons, Au vieux monde, au pauvre monde, Tarisse\ vos coupes incertaines.