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RÉVEIL Un cor, ce soir d'été, chantait dans les bois verts ! Que l'Idéal est loin! Que ces jours sont amers! J'ai dénoué soudain l'étreinte commencée; Mon cœur, ainsi touché dans sa fierté passée, S'est détourné de toi pour entendre à loisir Cette haleine orageuse où chantait son désir! Car tu m'avais en vain soufflé ton indolence! Il suffit qu'une voix, seule dans le silence, Réveillant tout à coup mon rêve puéril, Éclaire autour de moi tout le deuil de l'exil, Non, je ne suis pas fait pour ce bonheur inerte! Mon rêve d'autrefois remplit la forêt verte ; Grandi che\ les plus vils, né parmi les meilleurs. Je m'en souviens enfin, ma patrie est ailleurs! Longtemps j'aurai subi cette ombre que la femme Jette, quand elle veut, devant les yeux de l'âme ; Ivre de ta jeunesse éphémère, hanté Du fantôme menteur de ta vaine beauté, Mon cœur distrait par toi du seul soin qui l'élève. A désappris bientôt ses regrets et son rêve. Tu m'avais désarmé, je n'étais plus mon roi! Quel espoir exhalai-je, en ces jours pleins de toi, Dont tes baisers trop doux n'aient étouffé la plainte? Quel geste ai-je tenté, libre de ton étreinte, Dont tes bras souverains n'aient vaincu la fierté? Quel regard orgueilleux, que tes yeux n'aient dompté