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—392— Et vous renaîtrie\ en elle aussi, Fleur de Marie, Vous, Marion, et vous les amantes pâlies Sous les vents d'équinoxe de la volupté, Vous en royaux atours, ô dames de beauté. Et toi, Manon, fleur de coquetterie. Et puis, elle serait vous toutes, ô les femmes, Mais mieux et plus ingénument Que vous les frivoles à peine écoutant Le solitaire épithalame de notre âme; Mieux que vous raillant trop gaies à chaque pas Notre perpétuel tourment Ou qui n'entende\ pas, ô qui ne nous entende\ pas! III Vos yeux sont beaux, vos yeux sont doux, vos yeux sont calmes Comme les plaines de mon pays Que paissent de blanches brebis Le long lentement des rivières aimes; Vos yeux ont la tiède fraîcheur De l'ombre en un midi de juin sous les vieux chênes Au bord des routes franchissant les plaines De ce pays propice à ma langueur. Vos yeux aussi sont comme ces vallées Que les hauts monts préservent du soleil trop vif, Où les journées Déclinent sans laisser de penser craintif; Ils sont pareils, vos yeux, à ces vallons ombreux Où les pastours s'appellent dans le crépuscule, Lorsqu'aux clochers tintinnabule L'angélus fraternel montant dans l'air heureux. Vos yeux encor rappellent ces grands parcs Pleins d'odorantes solitudes, Où les arbres autour des lacs Retombent en pensives attitudes...