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—211— SCÈNE VII L'évèque Nicolas, seul. NICOLAS. — Les cloches célestes! On en parle à son aise, aussi long temps que l'on tient bien debout sur ses jambes ! Tant de choses à faire encore ! Pourtant, plus d'une de mes œuvres me survivra ! Je jurai sur mon salut éternel de remettre au duc la confession du prêtre Trond, si elle me tombait entre les mains. Heureusement elle ne m'est point parvenue. S'il acquérait cette certitude de l'illégitimité du roi, il lutterait pour triompher ou mourir. Alors l'un des deux serait le plus puissant chef qui ait existé en Norwège. Non, non, ce que je n'ai pas atteint, un autre ne doit pas l'at teindre. L'incertitude! Entretenir l'incertitude du duc. Aussi longtemps qu'elle l'accablera, les deux rivaux s'acharneront sans répit; des villes s'écrouleront dans les flammes ; des villages seront rasés ; aucun des deux ne profitera de la défaite de l'autre. (Terrifié.) Grâce, pitié! C'est moi le coupable, moi qui, dès le début, ai préparé ces discordes ! (Il se calme), Oui, oui, oui ! Mais voici venir le roi ; c'est lui que mon œuvre éprouvera le plus ! Et pourtant il me pardonnera ! On dira des messes et des prières ! Il n'y a pas de danger, alors! Ne suis-je pas un évêque? Puis, je n'ai jamais tué personne de mes propres mains. Mais quel bonheur que la con fession du prêtre ne me soit point parvenue. Les saints sont avec moi. Ils refusent de me tenter, de me pousser à rompre mon serment Qui frappe là? Le duc, sans doute. (Il se frotte joyeusement les mains.) Il me mendiera les preuves de ses droits à la couronne, et je n'ai pas de preuves à lui donner! INGA. (Elle entre vêtue de noir, en manteau à capuchon.) SCÈNE VIII INGA DE BARTEJG, mère de Hakon (i). — L'ÉVÊQUE NICOLAS. NICOLAS (reculant d'effroi). — Qui êtes-vous? INGA. — Une femme de Bartejgdans le Borgasyssel, révérend seigneur. NICOLAS. — La mère du roi! INGA. — Autrefois on m'appelait ainsi. NICOLAS. — Partez! Laissez-moi. Ce n'est pas moi qui conseillai à Hakon de se séparer de vous. INGA. — Ce que le roi fait, est bien fait ! Je ne viens point me plaindre. NICOLAS. — Et quel motif t'amène alors? (0 Pour prouver le droit divin de son fils, elle a subi.au premier acte, victorieusement, l'épreuve des fers brûlants. Reconnu comme roi, Hakon, sur les conseils de l'évèque fai sant le jeu de Skule, exila sa mère sous prétexte de sacrifier à la raison d'Etat la personne qui lui était la plus chère.