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—184— blent indiquer un idéal plus parfait, plus parnassien que celui des poètes modernes de l'Angleterre. — Le critique du Mercure de France, leur introducteur en France, en indiquant cette tendance, les déclare aussi affran chis de toute influence de leurs illustres prédécesseurs : Tennyson, Svvin- burne, Browning et Rossetti. Tout en ne partageant pas absolument son avis à 'ce point de vue nous pensons que quelques-uns d'entre eux, MM. Greene, Plarr, Arthur Symons et Lionel Johnson, ont fait dès à présent leurs preuves comme poètes, avec les pièces qu'ils publient aujour d'hui, et resteront. Les poèmes de Victor Plarr, « In a Norman Church » et « Twilight Piece » sont d'un très beau et pur sentiment et ses vers « A une gemme grecque » artistement évocatifs ; les poèmes d'Arthur Symons et de Greene qui me semblent comme forme les plus parfaits du volume, sont, les premiers, de très douce et mélodieuse musique, les seconds, clair, sévocateurs de poétiques paysages; Lionel Johnson, l'un des directeurs de la revue jeune de là bas, le Hobby Horse, et l'un de ceux qui ont le plus « contribué » à ce volume, a des pièces d'une grande distinction et d'une belle noblesse, comme son poème « A la statue du roi Charles Ier » et un autre poème intitulé « The last Music », pour n'en citer que deux. Nous donnons en tête de cette note l'adresse de l'éditeur pour ceux de nos lecteurs qui connaissent l'anglais et renvoyons les autres aux fort bonnes traductions que le Mercure de France a données de quelques-unes de ses pièces dans son dernier numéro. O.-G. D. CHRONIQUE THEATRALE LE CANARD SAUVAGE n vient de représenter, pour la première fois à Bruxelles, le Canard sauvage de H. Ibsen. Nous ne parlerons guère du drame ni de ses mérites, non plus que du très grand talent de son auteur. Contentons-nous d'affirmer ici notre admiration pour l'illustre dramaturge. C'est d'autre chose que nous voulons entretenir nos lecteurs. Le Canard sauvage est un drame à thèse et à prédications. Ce n'est point de notre faute. De tels drames ne relèvent pas seulement de la critique d'art, puisque, à côté de l'art, il y a la thèse. Celle-ci appelle un jugement philosophique ou moral. Nous nous proposons de formuler ce jugement. Précisons d'abord le terrain sur lequel nous nous plaçons. Notre but n'est point de rechercher les intentions de l'auteur ; ces intentions peuvent être ceci ou cela, peu nous importe. Le dramaturge qui expose une thèse res semble à un plaideur ; sa plaidoirie produit tel ou tel effet sur les gens qui l'écoutent. C'est cet effet produit que nous allons analyser, sans nous