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—IÔ2— tible. M. Frédérix oublie qu'il n'est Sainte- Beuve qu'à demi, et qu'au lieu d'écrire Joseph Delorme. il s'est contenté d'une brochure sur le banquet des Misérables. Quand il aura débuté en littérature, on le consultera volontiers. L'idéal des libéraux de l'école protestante, formulé par feu M. de Laveleye, le plus grand écrivain belge, pour la Flandre libé rale :« Consacrer des millions à bâtir des théâtres est un impardonnable attentat à la démocratie, car c'est d'abord faire payer par le peuple entier l'agrément de quelques privilégiés : injustice sans excuse. C'est en second lieu favoriser les dépenses de luxe, ce qui empêche la formation du capital et par conséquent l'accroissement des salaires. C'est en troisième lieu créer un enseigne ment public de mauvaises mœurs, alors que les bonnes mœurs sont le plus sûr fonde ment des institutions libres. » On lit dans la Chronique le délicieux article que voici : « POÉSIE M. Maurice Rollinat vient de publier un volume de vers intitulé La Nature et qui obtient en ce moment un très vif succès dans le monde littéraire. Voici un sonnet extrait de l'œuvre nou velle du poète : LA BONNE BETE. Sa lécïiade à tel coin du gite ou du chemin Me semble le baiser de la bonté suprême ; Et sa patte qu'il vient de me tendre de lui-même Est pour moi le meilleur des serrements de muin. Dans sa fidélité je vois le pur emblème Du dévouement obscur et presque surhumain: Ce qu'il était hier, il le sera demain : Toujours flattant, naît, aimant sans statagème. C'est pourquoi, quand je l'ai battu, comme aujour d'hui, A propos d'un méfait tout naturel pour lui. Sur le champ j'en éprouve un regret, j'en frissonne, Car il n'a pas compris mes coups, je le sens bien ! L'ébahissement règne en cette âme de chien, Qui, navre, me regarde, ainsi qu'une personne. Cette poésie simple — et naturelle, c'est le cas de le dire — mais d'une forme nette et d'un sentiment aussi juste que profond, est bien faite pour nous dédommager de tous les arrière-faix décadenteux fluant du Parnasse moderne. » La bonne bête, n'esl-ce pas.la bonne bête! Extrait des Rimes de Combat, du vail lant poète M. Muny : Chénier ! c'en était trop. Quel était ton délire! Pour les maîtres du jour tu pinças sur ta lyre Une corde de fer au lieu de cordes d'or : Et ta tête, vouée au tigre sanguinaire. Tomba sous le couteau révolutionnaire, l.a veille du neuf thermidor. Tu ressentis, sans doute, une douleur cxtrêmtl Les médecins les plus savants sont d'ac cord, sur ce point, 'avec les historiens les plus dignes de confiance. Chose bizarre, Chénier mourut de la même blessure que l'infortuné Louis XVI.

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De la Chronique : « Ses aquarelles sont pures, car M. Uyt- terschaui se passe de la gouache, la craie humide n'empâte point ses lavis, il excelle à ménager les blancs du papier, ce qui donne à ses productions une légèreté, une transparence et une franchise de plus en plus rares dans les œuvres de ses confrères de la palette de porcelaine. » De la Galette : v. Deux aquarellistes, l'un puissant, ro buste, sachant accuser la forme et faisant une brosse de son blaireau, c'est Victor Uytterschaut; l'autre, gracieux, fin jusqu'à la ténuité, fidèle à l'aquarelle classique que son ancien rival ne craint pas de goua- cher. » Nous sommes perplexes! Nous rendrons compte prochainement des Lourty, du Miroir des Légendes, des Feuilles détachées de M. Ernest Renan, du dernier Journal des Goncourt, de l'idée de Dieu, de M. Gcblet d'Alviella, de la Dame dela Mer, d'Ibsen, etc., etc.