Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/145

Cette page n’a pas encore été corrigée

-i37- Oh ! les étranges ! oh ! les si douces paroles : Cest l'ombre de la voix qui s'éteignit un soir. C'est l'ombre de la voix qui me fut tout l'espoir, Jadis aux soirs mentis de neuves glorioles. Est-ce Lui revenu m'apporter dans le soir Tout ce rêve éperdu des mortes glorioles, Et dans sa voix parmi les anciennes paroles La pâle opale de l'Exil et de l'Espoir? »... ANDRÉ FONTAINAS LA PARABOLE DES VIERGES e zénith était vibrant de rayons, les pommiers étoilaient les vergers de pétales et de pistils, et sous leurs branches, pareilles à de lumineux chapelets égrenés pour les chérubins, Jésus vêtu de lin contait des paraboles. L'atmosphère était tendre, et la rosée perlait au cœur des marguerites qui s'étaient faites plus belles que des bijoux de reines. Du bout de son pied nu le Christ caressait ces fleurettes amoureuses tandis qu'un ruisseau passant sous ses regards faisait hommage à toute sa personne d'un reflet clair où chantait l'âme de l'onde. Les bou quets aux roses sourires des arbres, parsemés de soleil, élevaient par-dessus le prophète un dômeauroraloù les oiseaux : des rouges-gorges, des pinsons, des fauvettes, des rossignols venaient triller magnifiquement. Et lui-même était pur comme un hymne de printemps, avec le diamantin éclat de ses yeux, ivres des éthers et des extases et dont chaque regard semblait avoir ravi un rayon des espaces bleus. Des colombes passaient parfois, avec des palpitations d'ailes, dans le luminaire céleste de la prairie emplie du prestige d'un dieu de jeunesse, puis elles disparaissaient après avoir cueilli un de ses sourires qu'elles rapportaient au ciel comme un trophée de gloire enfantine. Il était assis sur un tas d'herbes, et des brebis venaient caresser ses genoux de leur laine, car n'avait-il pas dit : « Je suis le repos des brebis »? Alors il laissait sa main errer sur elles, dans les lueurs douces de leurs toisons et, se tournant vers les pâtres groupés autour de lui sur le sol chatoyant, avec leurs houlettes brillantes et leurs manteaux larges afin d'y réfugier les agnelets blessés, il narrait de sa voix mélodique :