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-98- Mellery. Des œuvres précises, rigides, de sentiments et de nuances rares, de Fernand KhnopS. Parmi les artistes étrangers, Besnard, représenté par deux têtes de femmes, Lumière, des chairs rousses res plendissantes et voluptueuses, Novembre, des chairs fanées et tristes, comme macé rées de larmes : deux chefs-d'œuvre fou gueux et puissants. M. Michel Abadie publie, chez Vanier, Sanglots d'extase, un recueil de vers amou reux, faciles et sonores, en bleu majeur. Beaucoup d'aisance, de virtuosité innée, et aussi quelques ressouvenirs de M. Paul Verlaine : Elle dévale en des airs nonchalants Quasi hautains par les escaliers blancs. Toute en velours sa longue robe a queue, Froufroute comme une musique bleue. Nous attendons M. Abadie à son deu xième volume de vers. L'Etude de Jeune Fille, de M. Henry Maubel, dont il est question dans notre chronique littéraire, a été jouée au Théâ tre Molière, d'abord en matinée, puis le soir, avec Griselidis, avec un retentissant succès. M"e Viiliers-Miette s'est révélée comme une comédienne charmante et origi nale. M. Armand Silvestre, dans sa confé rence, a rendu hommage au mouvement littéraire de la Jeune Belgique. Il nous a particulièrement félicités de rester fidèle à notre devise : l'Art pour l'Art. La vieille fille du rez-de-chaussée de l'Indépendance a salué la pièce de M. Henry Maubel par des rires jaunes, et insinué que le conférencier parlait des livres belges sans les avoir lus. Gageons que M. Armand Sylvestre, auquel nous présentons ici l'expression de notre gratitude, sera charmé de la petite a interprétation » de M. Gustave Frédérix. M. de Laveleye, l'économiste bien connu, est mort. La Flandre libérale Tappelle « un admirable artiste » et prétend que « personne, en Belgique, n'a mieux écrit que lui ». Nous sommes d'accord. Le véritable économiste, pour la Flandre libérale, c'est M. Maurice Maeterlinck. Rendant compte d'une conférence de M. Edmond Cattier sur la Mode, M. Gus tave Frédérix a fiué ceci : Sur les modes littéraires, les mots à la mode, ou les tendances nouvelles, M. Cat tier a eu de très justes remarques et d'une spirituelle, raison. 11 a bien indiqué com ment l'esprit scientifique, les recherches infinitésimales de notre temps ont misa la mode les études réalistes. Et n'est-ce pas aussi la mode des Sociétés coopératives, des Associations démocratiques d'intérêts, q"ui a donné l'idée de ces syndicats de jeunes écrivains, où l'on travaille en commun à se pousser à la notoriété, et où on organise l'abatage des prédécesseurs ou concur rents f Cette petite digression de M. Cat tier a été piquante et d'une malice sans âcreté. Nous ne savons pas si M. Cattier a dit ces choses. Mais il est piquant de voir M. Gustave Frédérix, qui a été nous répondre à Gand, se cacher derrière M. Cattier pour nous les dire. M. Frédérix prendrait-il M. Cattier pour une grande ville de pro vince? Le ridicule procès intenté à l'Eventail, le jeune et vaillant journal de notre ami M. Fritz Rotiers, par les deux marchands d'opéras du Théâtre de la Monnaie, s'est piteusement dénoué... pour les deman deurs. L'Eventail n'est condamné qu'à une insertion — dans l'Eventail — et les « attendus » du tribunal sont autant de giroflées à cinq feuilles pour les directeurs du plus grand café-concert de Bruxelles. Le canon Reyer a fait long feu .