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elle sent le vin, le gingembre, la laitue ou la chicorée sauvage ; le grand bruit, la malpropreté, les rayons du soleil, la lumière d’une lampe pendant la nuit, les vents coulis, un grand vent, l’excès du froid et du chaud, surtout le passage subit de l’un à l’autre ; tout cela est contraire à ces tendres vermisseaux. Quant à leur nourriture, les feuilles chargées de rosée, celles qui ont séché au soleil ou par un trop grand vent, et celles qui ont contracté quelque mauvais goût, sont les causes les plus ordinaires de leurs maladies. Il faut cueillir les feuilles deux ou trois jours d’avance, et les tenir fort nettes dans un lieu exposé à l’air. On ne doit point oublier, pendant les trois premiers jours, de donner aux vers les feuilles les plus tendres, coupées en petits fils avec un couteau fort tranchant, pour ne les pas briser. On ne doit pas moins observer, en faisant provision de feuilles, de se servir d’un grand panier ou d’un grand filet, afin qu’elles n’y soient pas trop pressées, et qu’elles ne se flétrissent point dans le transport. Voilà bien des précautions sans doute ; mais peut-on prendre trop de soins pour un animal si précieux ?

Après les trois ou quatre premiers jours, lorsque la couleur des vers commence à tourner sur le blanc, il faut augmenter leur nourriture, sans la couper si menue. Lorsqu’ils deviennent noirs, on leur donne les feuilles entières, et la qualité doit encore augmenter :