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la matière première, sur leur nourriture et leur éducation. L’auteur chinois dont nous emprunterons ces détails, composa son traité en 1368, au commencement du règne de Ming, chef de la race du même nom. Il nous apprend que la Chine a deux sortes de mûriers : l’un, nommé sang ou ti-sang, ne se cultive que pour ses feuilles ; l’autre, qui s’appelle tché ou yé-sang, et qui croît dans les forêts, est petit et sauvage. Ses feuilles sont rondes, petites, rudes, terminées en pointe, et dentelées par les bords ; son fruit ressemble au poivre ; ses branches sont épineuses et touffues. Dans certains cantons, aussitôt que les vers à soie sont éclos, on les place sur ces arbres pour filer leur coque : ils y deviennent plus gros que les vers domestiques, et quoique leur ouvrage soit moins bon, il n’est pas sans utilité.

Les forêts où croissent ces arbres doivent être coupées par des sentiers, pour donner aux propriétaires la facilité de les sarcler et d’en chasser les oiseaux. Les feuilles auxquelles on s’aperçoit que les vers n’ont pas touché dans le cours du printemps doivent être arrachées en été, parce que celles du printemps suivant seraient corrompues par la communication d’un reste de vieille sève. On cultive les yé-sangs comme les vrais mûriers : ils doivent être plantés fort au large. On sème du mil dans les intervalles. Si l’on découvrait en Europe l’espèce de vers que les Chinois choisissent pour cette méthode, on devrait les ramasser avant qu’ils