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qu’elle est rude à la main, c’est un fort mauvais signe. Souvent, pour lui donner un bel œil, ils la préparent avec de l’eau de riz, mêlée de chaux ; mais cette préparation la brûle : aussi souffre-t-elle difficilement le rouet après avoir été transportée en Europe. Rien au contraire ne se file plus aisément que la soie saine. Un ouvrier chinois la mouline une heure entière sans en rompre un seul fil. Les moulins chinois sont fort différens de ceux de l’Europe, et beaucoup moins embarrassans ; deux ou trois méchans dévidoirs de bambou suffisent avec un rouet ordinaire. On est surpris de la simplicité des instrument qui servent à faire les plus belles étoffes de la Chine.

À l’égard de leurs tissus d’or, ils ne passent pas ce métal à la filière, afin de le retordre avec le fil, comme on fait en Europe ; ils se contentent de couper en petites bandes une longue feuille de papier doré, et les roulent avec beaucoup d’adresse autour du fil de soie. Quoique ces étoffes aient beaucoup d’éclat dans leur fraîcheur, elles se ternissent sitôt à l’air, qu’elles ne peuvent guère servir à faire des habits. On n’en voit porter qu’aux mandarins et à leurs femmes, qui n’en font pas même beaucoup d’usage.

Les étoffes de soie les plus communes à la Chine sont les gazes unies et à fleurs, qui servent aux Chinois pour leurs habits d’été, des damas de toutes les sortes et de toutes les couleurs, des satins rayés, des satins noirs de