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l’eau par la proue, sans pouvoir se relever, et disparaissent dans un moment. En un mot, ces voyages sont si dangereux, que, si l’on en croit le père Le Comte, il ne vit jamais la mort de si près, pendant dix ans de navigation sur les mers les plus orageuses du monde, où il fit plus de douze mille lieues, que pendant dix jours sur ces affreux torrens.

Des chemins entretenus aussi soigneusement qu’on l’a déjà fait observer doivent être également commodes pour les voyageurs et pour le transport des marchandises ; la multitude des villages qui sont remplis de temples ou de monastères de bonzes offrent d’abord un soulagement considérable aux voyageurs ; les hôtelleries sont aussi en fort grand nombre. Le soin qu’on a d’établir des gardes sur les routes, à certaines distances, laisse peu de crainte aux voyageurs de la part des brigands : les mauvaises rencontres sont très-rares, excepté dans les provinces voisines de Pékin ; mais il n’arrive presque jamais que les voleurs joignent le meurtre au pillage ; ils ne pensent qu’à se retirer fort adroitement, après avoir exercé leur profession : d’ailleurs, la multitude des passans suffit pour leur sûreté. Un missionnaire raconte qu’il fut suivi pendant plusieurs jours par un voleur qui ne put trouver l’occasion de l’insulter, parce qu’il n’avait pas plus tôt perdu de vue une compagnie de voyageurs qu’il en paraissait une autre.

Suivant le témoignage de tous les mission-