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de l’autre, un trident. Toutes les aiguilles aimantées des Chinois se font à Nangazakii, port du Japon. Le père Le Comte assure que les Chinois n’avaient aucune notion de la variation et de la déclinaison de l’aiguille avant que les missionnaires les en eussent convaincus par des expériences.

Le goudron des Chinois est une composition de chaux, d’huile ou plutôt de résine, qui distille d’un arbre nommé tong-yenu, et de filasse de bambou. Lorsque cette composition est sèche, on la prendrait pour de la chaux, qui est la principale matière : elle est plus nette que notre goudron, et n’a pas cette odeur désagréable qui règne sur les vaisseaux de l’Europe. Elle est d’ailleurs à l’épreuve du feu, auquel le goudron et la poix sont sans cesse exposés.

L’unique emploi du pilote est de veiller sur la boussole et de régler la course. Le timonier dirige la manœuvre du vaisseau, et le capitaine prend soin des provisions, sans entrer dans aucun autre soin. Cependant tout s’exécute avec une ponctualité surprenante. Cette harmonie entre les Chinois d’un vaisseau vient de l’intérêt qu’ils ont tous à sa conservation, parce qu’ils ont tous quelque part à sa cargaison. Officier et soldat, chacun a la liberté de mettre à bord une certaine quantité de marchandises, et cette permission leur sert de paie. Chacun occupe aussi son appartement particulier, dans l’espace qui est entre les