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sent ne leur donne aucune occasion de se rendre plus propres à la guerre ; tandis que la préférence qu’ils donnent sur tout le reste à l’étude et au savoir, la dépendance où les soldats vivent des lettrés, et l’éducation ordinaire de la jeunesse, qui ne voit que des livres, et qui n’entend parler que de morale et de politique, sont autant d’obstacles au courage militaire. L’attaque des Tartares est vive et fière ; ils poussent brusquement l’ennemi, s’ils l’ont forcé d’abord à plier ; mais ils sont incapables d’un long effort, surtout pour se défendre, s’ils sont attaqués eux-mêmes avec autant d’ordre que de vigueur. L’empereur Khang-hi, qui ne disait jamais rien que de juste, comme il ne faisait rien que de grand, peignait leur caractère en deux mots : « Les Tartares sont bons soldats lorsqu’ils en ont de mauvais à combattre ; mais ils sont mauvais lorsqu’ils ont affaire à de bonnes troupes. »

À l’égard de la discipline, les troupes chinoises sont exercées régulièrement par leurs officiers. Cet exercice consiste ou dans une espèce de marche irrégulière et tumultueuse, qu’ils font en escortant les mandarins, ou dans diverses évolutions qui s’exécutent au bruit des trompettes. Ils tirent de l’arc et manient le sabre avec beaucoup d’adresse : on fait aussi de temps en temps des revues militaires, pour examiner soigneusement les chevaux, les mousquets, les sabres, les flèches, les cuirasses et les casques. La moindre tache de rouille sur