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La prison des femmes est séparée de celle des hommes : on ne leur parle qu’au travers d’une grille. Les hommes ont rarement la liberté de s’en approcher.

Dans quelques endroits, le corps d’un criminel qui meurt en prison n’est pas porté à la sépulture par la porte commune, mais par un passage fait exprès dans le mur de la première porte, qui ne sert qu’à cet usage. Lorsqu’un prisonnier de quelque distinction se trouve en danger de mort, il demande comme une faveur la permission de sortir avant d’expirer, parce qu’on attache une idée d’infamie à ce passage. La plus grande imprécation qu’on puisse faire à la Chine contre une personne à qui l’on souhaite du mal, est de lui dire : Puisses-tu passer par le trou de la prison !

Navarette, qui avait été renfermé avec les autres missionnaires, pendant la persécution, à Hang-tcheou-fou, capitale de la province de Che-kiang, dit qu’on n’entendait aucun bruit, qu’on ne voyait point naître de querelle, et que la tranquillité régnait comme dans un monastère.

On donne aux prisonniers pauvres une portion de riz tous les jours ; ils en mangent une partie, et du reste ils en achètent du bois, du sel et des légumes. Sans cette libéralité, la plupart manqueraient du nécessaire, parce qu’étant logés fort à l’écart, ils n’ont pas de ressource dans les aumônes. Pendant tout le temps que les missionnaires furent captifs, il