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à-dire que l’on punit, comme ailleurs, avant de savoir si l’on a droit de punir. Ils ont, comme nous, une question ordinaire et extraordinaire. La première se donne aux pieds et aux mains, et ressemble beaucoup à celle que nous nommons extraordinaire. Celle-ci du moins ne se donne chez eux qu’après la preuve du fait, et elle consiste à faire de petites estafilades au corps du criminel, et à l’écorcher par degrés en lui enlevant de petites lanières ou des filets de peau.

Les lois chinoises n’imposent point d’autres punitions pour les crimes ; mais quelques empereurs en ont établi de plus cruelles. L’empereur Tcheou, à l’instigation de sa concubine favorite, qui se nommait Takya, inventa un nouveau genre de supplice sous le nom de pao-lo. C’était une colonne de cuivre, haute de vingt coudées, sur huit de diamètre, creusée comme le taureau de Phalaris, avec trois ouvertures pour y mettre du feu. On y attachait les criminels, en la leur faisant embrasser avec les pieds et les jambes : on allumait un grand feu au-dedans, qui rôtissait ces malheureux jusqu’à ce qu’ils fussent réduits en cendre. Duhalde ajoute que Takya se faisait un amusement de ce spectacle. On peut juger quel devait être le caractère d’un empereur qui avait un tel monstre pour maîtresse.

Les prisons chinoises n’ont ni l’horreur ni la saleté des prisons d’Europe ; elles sont beaucoup plus commodes et plus spacieuses : l’édi-