Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 9.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ait attaché de la honte à ses fonctions, c’est un honneur pour lui de s’en acquitter bien. À Pékin, il porte une ceinture de soie jaune en accompagnant le criminel. C’est la couleur impériale, et son sabre est enveloppé dans une étoffe de soie de la même couleur, pour montrer qu’il est revêtu de l’autorité de l’empereur, et lui attirer plus de respect de la part du peuple.

Les Chinois sont persuadés qu’un homme à qui l’on a tranché la tête doit avoir manqué de soumission pour ses parens, qui lui avaient donné un corps sain et parfait. La séparation des membres leur paraît une juste punition de ce crime. Cette opinion est si bien établie, qu’ils achètent à grand prix, de l’exécuteur, les corps de leurs parens et de leurs amis pour y recoudre la tête, en s’efforçant d’expier sa désobéissance par leurs gémissemens. Ils rapportent l’origine de cette idée à Tsong-tou, disciple de Confucius, qui, exhortant, vers sa dernière heure, ses enfans et ses disciples à l’obéissance, leur déclara qu’il se croyait redevable à la sienne d’avoir conservé son corps aussi parfait et aussi entier qu’il l’avait reçu de ses parens.

Ceux qui sont condamnés au même supplice sont privés, par leur sentence, de la sépulture commune ; ce qui passe à la Chine pour un autre excès d’infamie. L’exécuteur, après avoir dépouillé le corps, est obligé de le jeter dans le fossé voisin ; aussi ne peut-il le vendre sans