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jets difformes dont les rues étaient remplies ; ce conseil fut bien reçu, et l’empereur ordonna qu’à l’avenir la marque des lettres s’appliquerait sur le bras gauche.

Les trois supplices capitaux de la Chine sont d’étrangler, de trancher la tête, et de couper en pièces. Le premier est le plus commun et passe pour le plus doux, et, ce qui est bien contraire à nos idées, pour le plus noble. Il est plus honorable d’être étranglé que d’avoir la tête tranchée. De là vient que, pour marquer quelque bonté aux seigneurs ou aux mandarins qui sont condamnés à la mort, l’empereur leur envoie un cordon de soie, et l’ordre de s’étrangler de leurs propres mains.

On tranche la tête pour les crimes de la plus odieuse énormité, tels que l’assassinat. Cette mort passe pour la plus infâme, parce que, disent-ils, la tête, qui est la principale partie de l’homme, est séparée du corps, et que le criminel ne conserve point en mourant son corps aussi entier qu’il l’a reçu de la nature. On ne dresse pas d’échafaud pour les exécutions ; le criminel se met à genoux dans une place publique, les mains liées derrière le dos : on le tient si ferme, qu’il ne peut se remuer ; tandis que l’exécuteur, s’avançant par-derrière, lui abat la tête d’un seul coup, et aussitôt l’étend sur le dos avec tant de promptitude et d’adresse, dit-on, qu’il ne tombe pas une goutte de sang sur ses habits. L’exécuteur est un soldat du commun ; et loin que l’usage