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Le pan-tsé est la punition ordinaire des mendians, des vagabonds, des coureurs de nuit et des gens sans aveu.

La Chine fourmille de mendians vagabonds, de musiciens, et de gens qui disent la bonne aventure ; ces fainéans voyagent en troupes, et ne sont pas moins trompeurs que nos Éyptiens ou Bohémiens d’Europe. Quelquefois ils sont tous aveugles : on leur voit exercer mille rigueurs contre eux-mêmes pour extorquer des aumônes ; ils se fouettent le corps, ils mettent des charbons ardens sur leur tête, ils frappent du front contre une pierre, ou l’un contre l’autre, jusqu’à se faire enfler prodigieusement la tête, ou à tomber sans connaissance. Ils continueraient ces extravagances au danger d’en mourir, si les spectateurs ne leur donnaient quelque chose. La plupart sont estropiés ; ils ont la bouche et le nez de travers, l’épine du dos rompue, de longs nez crochus ; il leur manque une jambe ou un bras : s’ils n’ont pas apporté ces difformités en naissant, ce sont leurs parens qui les ont estropiés dès l’enfance, pour les mettre en état de gagner leur vie par ces misérables artifices.

On voit des femmes, à qui leurs parens ont crevé volontairement les yeux, marcher avec des guitares pour gagner leur pain : d’autres, jouant de divers instrumens, tirent l’horoscope et prétendent juger de la destinée des passans par les traits du visage. On voit des