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énormité. Le pan-tsé, ou la bastonnade, se donne ordinairement pour des fautes légères, et le nombre des coups répond à la nature de l’offense. C’est le châtiment commun des sentinelles qu’on trouve endormies pendant la nuit dans les rues et dans les places publiques. Si le nombre des coups ne passe pas vingt, ils sont regardés comme une correction paternelle qui n’imprime aucune tache. L’empereur lui-même la fait quelquefois subir aux personnes d’un rang distingué, et ne les voit pas moins après cette humiliation. Il ne faut qu’une bagatelle pour se l’attirer ; un petit larcin, un mot outrageant, quelques coups de poing donnés mal à propos. Le mandarin n’en est pas plus tôt informé , qu’il fait donner le pan-tsé. Après la correction, le patient est obligé de se mettre à genoux devant son juge, de baisser trois fois le front jusqu’à terre, et de le remercier du soin qu’il a pris de sa correction.

Le pan-tsé est un morceau assez épais de bambou fendu, qui a plusieurs pieds de longueur ; le bout d’en bas est large comme la main ; l’autre bout est uni et menu, pour s’en servir plus facilement. Un mandarin, dans ses audiences, est environné d’officiers armés de ces instrumens : au moindre signe que leur donne le magistrat, en jetant par terre de petits bâtons d’environ six pouces de longueur sur deux de largeur, placés ordinairement sur une table qui est devant lui,