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vin, qui se nomme tsin-song. Après la lecture de la sentence, la plupart de ces malheureux s’emportent en invectives contre ceux qui les ont condamnés. Les mandarins écoutent leurs injures avec beaucoup de patience et de compassion ; mais on leur met bientôt dans la bouche un bâillon, avec lequel on les mène au lieu de l’exécution. D’autres ne font que chanter dans le chemin qui les conduit à la mort, et boivent joyeusement le vin qu’ils reçoivent de leurs amis, qui attendent leur arrivée pour leur donner les derniers témoignages d’affection.

Tous les jugemens qui concernent les crimes dignes de mort doivent être examinés, approuvés et signés par l’empereur. Les mandarins envoient à la cour les pièces du procès, avec leur décision, dans laquelle ils font entrer les articles de la loi qui leur ont servi de règle. Par exemple : « Un tel est coupable de tel crime, et la loi ordonne que celui qui a commis ce crime sera étranglé ; c’est pourquoi je le condamne à être étranglé. » Là-dessus le tribunal suprême examine le fait, les circonstances et le jugement. Si le fait n’est pas clairement prouvé, ou si le tribunal exige de nouvelles informations, il présente à l’empereur un mémoire qui contient le cas et la décision des mandarins inférieurs, avec cette addition : « Pour juger parfaitement, il est nécessaire que nous soyons mieux informés de telle circonstance ; notre avis est donc