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ment entre les mains du gouverneur le petit coffre où l’on garde les sceaux, en le priant de se charger du dépôt. « S’il vous a dérobé votre sceau, ajouta le mandarin, il ne pourra se dispenser de le remettre dans le coffre, ou du moins vous pourrez l’accuser lui-même de l’avoir perdu. » Cet artifice eut tout le succès que le mandarin avait prévu, et le visiteur retrouva son sceau. Cette histoire peut prouver combien l’esprit des Chinois est exercé à la finesse et à la subtilité.

Les petites causes sont portées ordinairement devant les tribunaux inférieurs : cependant la partie qui se plaint a toujours la liberté de s’adresser aux cours supérieures. Par exemple, un habitant d’une ville du premier rang, au lieu de porter sa plainte à son propre gouverneur, peut avoir recours au gouverneur de la capitale de sa province, ou même au vice-roi ; et lorsqu’un juge supérieur a pris connaissance d’une affaire, les juges inférieurs, n’y ont plus aucune part, à moins qu’elle ne leur soit renvoyée, comme il arrive souvent. Pour les affaires d’importance, l’appel est toujours libre des vice-rois aux cours suprêmes de Pékin, suivant la nature de la cause. Là, elle est d’abord examinée dans un des tribunaux subalternes, qui en fait son rapport au tribunal suprême. Le président porte son jugement, mais c’est après avoir conféré avec ses assesseurs, et communiqué son avis au colao, qui en informe l’empereur. Quelquefois