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Cependant chaque cour se renferme uniquement dans les affaires qui la regardent, et la matière est toujours abondante dans un empire d’une si vaste étendue.

Il n’y aurait point d’état plus heureux que la Chine, si tous les mandarins se conformaient exactement aux lois de leurs pays ; mais, dans un si grand nombre d’officiers, il s’en trouve toujours quelques-uns qui sacrifient le bien public à leurs intérêts particuliers. Les subalternes emploient toutes sortes de ruses et d’artifices pour tromper les mandarins supérieurs ; tandis que ceux-ci s’efforcent d’en imposer aux tribunaux suprêmes, et quelquefois même à l’empereur. Ils ont tant d’adresse à déguiser leurs vues sous des expressions humbles et flatteuses, et, dans les mémoires qu’ils présentent, ils affectent un air si désintéressé, qu’un prince a besoin d’une extrême pénétration pour découvrir la vérité au travers de tant de voiles. Kang-hi possédait cette qualité dans le plus haut degré ; ce qui n’empêcha pas que, malgré toute sa vigilance, on ne vît naître sous son règne une infinité de désordres. Yong-tchin, son quatrième fils, qui monta sur le trône après lui, ne trouva d’autre moyen de remédier au mal que d’accorder aux inspecteurs de grosses sommes pour les frais de leur commission.

Comme il serait à craindre que des corps aussi puissans que les tribunaux suprêmes n’affaiblissent par degrés l’autorité de l’empe-