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dans l’idée des Chinois, toutes les nations qui portent des habits différens, et signifie qu’il est regardé comme le père du peuple, dont il est le digne gouverneur. Cette raison fait donner à son nouvel habillement le nom de van-siu-i, qui signifie habit de toutes les nations. À la vérité, il ne le porte que dans cette occasion ; mais on le conserve soigneusement dans sa famille comme une marque d’honneur et de distinction. Le vice-roi ne manque point d’en être informé, et souvent on en donne avis aux cours suprêmes.

Au contraire, un mandarin qui ne s’est pas conduit honorablement dans son emploi est traité à son départ avec beaucoup de mépris et de dédain. Le gouverneur d’une province maritime, ayant été privé de son emploi pour avoir fraudé le peuple des trois quarts d’une provision de riz que l’empereur avait envoyée dans un temps de disette, fut suivi d’une prodigieuse foule de peuple qui lui reprocha son avarice. Les uns l’invitaient d’un air railleur à ne pas quitter son gouvernement sans avoir achevé de manger tout le riz que l’empereur avait confié à ses soins ; d’autres le chassèrent de sa chaise et la mirent en pièces. On lui déchira ses habits, on brisa ses parasols ; enfin il n’y eut point d’injures et de malédictions qu’il n’essuyât jusqu’à l’entrée de sa barque.

Toutes les affaires qui regardent le gouvernement civil et militaire se traitent dans des cours ou des tribunaux établis pour cet usage,