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n’a pas donné au peuple quelque marque d’affection de cette nature, ou qui serait trop sévère, ne manque pas d’être noté dans l’information que les vice-rois envoient à la cour tous les trois ans, et cette note suffit pour lui faire perdre son emploi. Lorsqu’un prisonnier meurt dans les fers, il faut un grand nombre d’attestations qui prouvent que le mandarin n’a pas été suborné pour lui ôter la vie ; qu’il l’a visité pendant sa maladie ; qu’il lui a procuré un médecin et tous les remèdes convenables. On doit informer l’empereur de tous ceux qui meurent en prison ; et suivant les avis qu’il reçoit, il ordonne quelquefois des procédures extraordinaires.

Lorsqu’un gouverneur passe dans une autre province, après s’être acquitté de son office à la satisfaction générale, le peuple lui rend les honneurs faits pour inspirer aux plus insensibles l’amour de la justice et de la vertu. On place des tables à certaines distances, dans l’espace de deux ou trois lieues ; on les couvre de grands tapis de soie qui tombent jusqu’à terre ; on y brûle des parfums ; on y met des candélabres avec des flambeaux de cire, toutes sortes de viandes, de liqueurs et de fruits. Sur d’autres tables, on expose du vin et du thé. Aussitôt que le mandarin paraît, tout le monde tombe à genoux, et baisse la tête jusqu’à terre. Quelques-uns pleurent ; d’autres feignent de pleurer ; d’autres le pressent de descendre pour recevoir les derniers témoignages de leur re-