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plusieurs ensemble, ordinairement sous le gouvernement d’un homme qui répond de tout le mal qu’elles peuvent causer. Ces femmes ne sont que tolérées parmi les Chinois, et passent pour infâmes ; il se trouve même des gouverneurs qui ne les souffrent point dans l’étendue de leur juridiction.

On se figure difficilement avec quelle facilité un simple mandarin, qui n’est point au-dessus de la qualité de chi-fou, gouverne une populace innombrable. Qu’il publie ses ordres sur une petite feuille de papier scellée de son sceau et affichée au coin des rues, on s’y soumet avec la plus grande promptitude ; tant il est vrai que l’ombre seule de l’autorité impériale, dérivée du système de la paternité, agit sur cette nation avec une force sans bornes.

Mais, quelque redoutable que soit l’autorité des mandarins, ils ne se soutiennent longtemps dans leurs emplois qu’en se faisant la réputation d’être les pères du peuple, et de n’avoir d’autre soin que celui de procurer le bonheur de leurs administrés. Tel d’entre eux a fait venir de son pays plusieurs ouvriers pour enseigner à élever des vers à soie et à fabriquer des étoffes dans tout son district. Un autre mandarin, dans un temps d’orage, ne se borna point à défendre qu’on traversât la rivière, mais se rendit sur le rivage, et ne le quitta pas de tout le jour, pour s’opposer, par sa présence, à la témérité de ceux qui seraient tentés de braver le danger. Celui qui