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la fin des querelles personnelles, des partis et des révoltes.

Au commencement de la nuit, les portes de la ville et les barrières qui sont à l’extrémité de chaque rue se ferment soigneusement. On place des sentinelles à certaines distances pour arrêter ceux qui sont trop tard hors de leurs maisons. Quelques villes ont un guet à cheval, qui fait une patrouille continuelle sur les remparts. La nuit, disent les Chinois, est faite pour le repos, et le jour pour le travail. Cette loi s’observe si bien, qu’on ne rencontre jamais personne la nuit dans les rues ; ou s’il arrive à quelqu’un d’y être surpris, il passe pour un vagabond ou pour un voleur qui cherche l’occasion de faire un mauvais coup à la faveur des ténèbres.

S’il s’élève une querelle dans la populace, et que des injures on en vienne aux coups, on évite avec un soin extrême de répandre du sang. Si par hasard les combattans avaient dans les mains un bâton ou quelque instrument de fer, ils le quittent pour se battre à coups de poings. Tout semble prouver dans ce peuple un fonds d’humanité fort rare chez les autres nations.

La Chine a ses femmes publiques comme la plupart des autres pays du monde ; mais, dans la crainte qu’elles ne causent du désordre, il ne leur est pas permis de demeurer dans l’enceinte des villes, ni d’occuper des maisons particulières : elles s’associent, pour se loger,