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plé. Tous les procès viennent à son tribunal ; il a droit de faire donner une rigoureuse bastonnade à la partie qui a tort : enfin son pouvoir s’étend jusqu’à la sentence de mort ; mais elle ne peut être exécutée, non plus que celle d’aucun mandarin supérieur, sans avoir été ratifiée par le souverain. La décision des petites causes est abandonnée aux trois mandarins inférieurs.

L’occupation principale des mandarins inférieurs consiste à lever les impôts. Cette fonction exige leur présence personnelle. Quoique les terres soient mesurées dans chaque province, et que la taxe de chaque arpent soit réglée suivant la qualité du terroir, la pauvreté ou l’avarice ne laisse pas de rendre le peuple assez lent à payer ; il attend que les officiers inférieurs viennent l’en presser ; et souvent les coups sont nécessaires pour l’y contraindre. Lorsqu’on reproche à ces collecteurs des taxes de traiter les paysans avec trop de rigueur, ils allèguent pour excuse que, s’ils ne rapportaient pas les sommes dont ils sont comptables, leurs supérieurs les soupçonneraient d’avoir négligé leur devoir, ou de s’être laissé corrompre, soupçon qui suffirait, sans autre examen, pour les exposer à la bastonnade. D’un autre côté, les mandarins prétendent justifier la dureté avec laquelle ils traitent leurs inférieurs, en alléguant que, s’ils ne sont pas eux-mêmes en état de payer au temps marqué, ils se voient obligés de faire des avances de