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Une autre rigueur de la loi, c’est de priver les mandarins de la plupart des plaisirs communs de la vie : il ne leur est pas permis de traiter souvent leurs amis, ni de leur donner la comédie ; ils s’exposeraient à la perte de leur fortune, s’ils prenaient la liberté de jouer, de se promener hors de leurs murs, de faire des visites particulières, et de fréquenter les assemblées publiques ; en un mot, ils n’ont pas d’autre amusement que celui qu’ils peuvent prendre dans les appartemens les plus intérieurs de leurs palais. Comme ils ne sont établis que pour soutenir et protéger le peuple, ils doivent toujours être prêts à écouter les plaintes, non-seulement quand ils tiennent leur audience, mais encore à toutes les heures du jour. Si c’est une affaire pressée, les parties se rendent au palais du mandarin, et frappent à grands coups sur une espèce de timbale, qui est quelquefois dans la salle de justice, mais plus souvent hors de la porte, afin que le peuple en puisse approcher plus facilement jour et nuit ; il n’y a point d’occupation qui doive empêcher le mandarin de répondre à ce signal : il accorde l’audience qu’on lui demande ; mais si celui qui se plaint n’a pas souffert une injustice criante qui demande un prompt remède, il est sûr de recevoir la bastonnade pour cette importune visite. Cette petite restriction doit rendre les visites moins fréquentes.

On regarde comme une des principales fonc-