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— Cela n’est pas si difficile que vous pensez, répliqua l’empereur ; montez derrière moi, et me suivez jusqu’à la maison du ravisseur. » Le vieillard obéit sans façon ; en deux heures ils arrivèrent au palais du mandarin, qui ne s’attendait point à une visite si extraordinaire. Les gardes du corps et une foule de seigneurs, après avoir cherché quelque temps leur maître, se rendirent enfin au même lieu ; et, sans savoir de quoi il était question, les uns environnèrent le palais, tandis que d’autres entrèrent avec l’empereur. Le mandarin, convaincu de violence, fut condamné sur-le-champ à perdre la tête. Après l’exécution, Khang-hi se tourna vers le vieillard. « Pour réparation, lui dit-il d’un air sérieux, je vous donne l’emploi du coupable qu’on vient de punir : conduisez-vous avec plus de modération que lui, et que son exemple vous apprenne à ne rien faire qui puisse vous mettre à votre tour dans le cas de servir d’exemple. »

Enfin rien n’est plus instructif pour les mandarins, et plus propre à les contenir dans l’ordre que la gazette qui s’imprime chaque jour à Pékin, et qui se répand dans toutes les provinces. On n’y insère que ce qui se rapporte au gouvernement : on y trouve les noms des mandarins qui ont été destitués de leurs emplois, et les raisons qui leur ont attiré cette disgrâce. L’un est dépouillé pour s’être rendu coupable de négligence ou d’infidélité en levant les tributs ; un autre pour avoir été trop sévère ou