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soient toujours choisis entre les principaux officiers, et qu’on fasse tomber le choix sur des personnages d’une intégrité reconnue, cependant, comme ils peuvent abuser quelquefois de leur pouvoir et se laisser gagner par des présens pour épargner les coupables, l’empereur prend le temps auquel ils y pensent le moins pour voyager dans diverses provinces, et s’informer par lui-même des plaintes du peuple contre les gouverneurs. Ces voyages, pendant lesquels il affecte de se rendre populaire, jettent la terreur parmi les mandarins des provinces. L’empereur Khang-hi, visitant ainsi les provinces méridionales en 1689, passa par les villes de Sou-tcheou-fou, de Yang-tcheou-fou et de Nankin. Il était à cheval, suivi de ses gardes, et d’un cortége d’environ trois mille cavaliers. Ce fut ainsi qu’il fit son entrée dans la dernière de ces trois villes. Les principaux citoyens allèrent au-devant de lui avec des étendards et des enseignes de soie, des parasols, des dais, et une infinité d’autres ornemens, tandis que les autres, bordant les rues dans un profond silence, lui donnèrent les plus grands témoignages de respect. On avait élevé de vingt en vingt pas des arcs de triomphe, couverts des plus riches étoffes, et ornés de festons, de rubans et de touffes de soie, sous lesquels le monarque passa dans sa marche.

Étant arrivé le soir à Yang-tcheou-fou, il passa la nuit dans sa barque, et le jour suivant,