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ficier, n’ayant pas achevé moins heureusement son second terme, se rendit à la cour, suivant l’usage, dans l’espérance d’obtenir un gouvernement encore plus considérable. L’empereur renvoya sa demande au tribunal des mandarins, qui lui déclarèrent aussitôt par leurs lettres que, s’il voulait déposer en main tierce quatorze vans d’argent, c’est-à-dire la somme d’environ cent mille écus, on lui promettait le gouvernement de Ping-yang-fou , dans la province de Chen-si, qui est une ville des plus riches et des plus peuplées de l’empire ; mais le mandarin chrétien, ne voulant rien devoir à la corruption, leur fit dire qu’il se contenterait du poste que le sort lui ferait tomber en partage. Cet exemple porterait à croire qu’il y a quelque différence entre un converti et un chrétien.

Les lois n’ont pas laissé d’établir des remèdes contre les extorsions des gouverneurs, soit qu’elles viennent de leur avarice naturelle ou de l’usage qui s’est introduit de vendre les places. 1o. Comme il est difficile d’étouffer les plaintes du peuple lorsqu’il gémit sous l’oppression, la loi rend les gouverneurs responsables des moindres mouvemens populaires. Ils sont presque sûrs de perdre au moins leurs emplois, si la sédition n’est pas apaisée sur-le-champ. La loi regarde un gouverneur comme le chef d’une grande famille : la paix n’y peut être troublée que par sa faute ; c’est à lui d’empêcher que les officiers subalternes n’oppriment