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mérite des lettrés. Lorsqu’ils ont les qualités requises, ils se rendent à la cour ; mais la plus grande partie de ceux qui sont parvenus même au degré de tsing-ssée, ou de docteurs, n’obtiennent guère que des charges de gouverneurs des villes du second et du troisième rang. Aussitôt qu’il vaque un ou plusieurs de ces emplois, quatre, par exemple, on en donne avis à l’empereur, qui fait appeler les quatre lettrés qui se trouvent les premiers sur la liste : on écrit sur quatre billets les noms des quatre gouvernemens ; on les met dans une boîte qu’on place à la portée des candidats ; ils tirent successivement, suivant l’ordre de leur degré, et chacun est fait gouverneur de la ville qui lui tombe en partage.

Outre les examens ordinaires, on en fait subir un autre pour découvrir à quelle sorte de gouvernement chaque mandarin est propre ; mais, avec de l’argent et des amis, il est aisé de faire tomber les meilleurs postes à ceux qu’on veut favoriser. Magalhaens assure que, d’intelligence avec le tribunal, les billets sont tellement arrangés, que chacun tire celui qu’il désire. Cependant, continue-t-il, cet artifice ne tourna point heureusement pour un mandarin, en 1660. Il avait donné une somme considérable à l’un des premiers secrétaires de cette cour, dans la vue d’obtenir une ville d’un grand commerce, qui n’était pas éloignée ; mais il eut le malheur d’en tirer une de la province de Quey-cheou, c’est-à-dire de la plus